Cela fera bientôt 10 ans que Nicolas Sarkozy est responsable, à un titre ou un autre, des questions de sécurité en France.
Depuis 2002, il a exercé par deux fois les fonctions de ministre de l'Intérieur puis celle de Président de la République, avec une forte implication dans les affaires gouvernementales, comme on sait.
A l'occasion de ses dernières déclarations, je serai tenté, comme Martine Aubry, de ne pas tomber dans le panneau: "On ne va pas répondre à ses provocations et à ses discours sans cesse plus durs sur les mots et plus inefficaces. Il faut le laisser s'agiter".
Pourtant, ces propos, relayés par une partie de la droite, et notamment les propositions du député des Alpes-Maritimes en charge des questions de sécurité à l'UMP, sont révélateurs de l'échec de la politique menée depuis 10 ans.
Tous ceux qui s'intéressent aux questions sociales - et j'en fais partie - savent que dans certains quartiers "sensibles", une partie importante de la population en difficulté est constituée de familles monoparentales. Ce sont elles qu'il faut aider en renforçant les services qui leur permettront d'élever leurs enfants correctement: équipements petite enfance, garderies péri-scolaires, classes à petits effectifs, réseaux d'écoute, d'appui et d'accompagnement des parents...Menacer de faire payer à ces familles 30 000 € ou de les envoyer en prison pour des faits relevant de mineurs délinquants, est une absurdité. Ce dont elles ont besoin, c'est de plus d'aides pour faire face à leurs responsabilités de parents.
Ce qui manque aussi cruellement dans ces quartiers, c'est la police de proximité, supprimée par Nicolas Sarkozy. Sébastien Pietrasanta, le maire d'Asnières, disait récemment à Fadela Amara: "Il faut du "bleu" dans nos cités". Voilà ce dont nous avons le plus besoin: des services publics de qualité!
Autre raison de s'indigner: la proposition du Chef de l'Etat de déchoir de leur nationalité les Français d'origine étrangère ayant commis certains délits. Robert Badinter a eu raison, une nouvelle fois, de rappeler qu'en vertu de l'article 1er de notre Constitution, la République "assure l'égalité devant la loi de tous les citoyens, sans distinction d'origine..."
Est-ce pour masquer l'échec de sa politique dans beaucoup de domaines que le Président de la République ressort ses vieilles rengaines sécuritaires? On peut, hélas, le craindre.