Le Parti socialiste exprime sa solidarité avec le peuple japonais, qui subit les conséquences dramatiques de trois catastrophes – un séisme, un tsunami et une catastrophe nucléaire de grande ampleur qui est encore en cours. Alors que les dégâts matériels et les pertes humaines sont immenses, la priorité doit être d’apporter au Japon toute l’aide et le soutien nécessaires. Nous saluons le courage et parfois le sacrifice du personnel qui travaille dans les centrales et tente de maîtriser la situation et de circonscrire la catastrophe, ainsi que des secouristes qui viennent en aide à la population. Tout accident nucléaire est grave et les conséquences sanitaires et environnementales de celui de la centrale de Fukushima sont d’ores et déjà dramatiques. Il conduit la France dont la production électrique est à 75% dépendante du nucléaire à s’interroger à la fois sur la sécurité de ses installations, sur la transparence de l’information livrée au citoyen et sur son avenir énergétique.
Sécurité, transparence et maîtrise publique
Nous demandons et veillerons à ce qu’il soit effectivement procédé, sous le contrôle du Parlement, à un audit approfondi et exhaustif du parc nucléaire, associant une pluralité de points de vues et indiquant tout à la fois les risques naturels évolutifs (état sismique, inondations, canicules, état de la ressource en eau), la vétusté, la maintenance de chaque réacteur. Tout danger avéré pour la sécurité des populations devra entraîner l’interruption de l’activité. Avec 58 réacteurs nucléaires en activité, certains vieux de plus de 30 ans, la priorité absolue doit être donnée à la sécurité. La France connaît, aussi, des incidents nucléaires à propos desquels nous avons régulièrement dénoncé le manque de transparence. De même avions-nous demandé en novembre 2009 que les raisons de la mise à l’arrêt de 18 des réacteurs soient rendues publiques. Cette opacité n’est pas acceptable.
Pour être sûr, le nucléaire doit revenir totalement sous maîtrise publique, et la transparence la plus grande doit être assurée. Il est injustifiable que le gouvernement ait classé secret-défense le rapport Roussely sur la nouvelle architecture de la filière nucléaire. Les discours lénifiants et tâtonnants du gouvernement doivent céder la place à une information à la fois précise et accessible. L’indépendance de l’Autorité de sureté nucléaire doit être renforcée, notamment par une plus grande pluralité de sa composition.
Accélérer et planifier la transition énergétique : sobriété et investissements dans le renouvelable
Au-delà, c’est la question de notre avenir énergétique qui est posée. La production d’électricité en France est trop exclusivement dépendante du nucléaire. Pour nous, la place du nucléaire, qui n’est pas une énergie durable doit être réduite. Cela ne se fera pas en un jour, mais cela exige une volonté politique affirmée et des engagements budgétaires forts dans deux directions.
La survalorisation du nucléaire a conduit à une surconsommation structurelle unique au monde. La maîtrise de la demande, et donc la réduction de la consommation, est la première exigence. Elle doit être accompagnée par des investissements massifs dans les énergies renouvelables dont le potentiel est considérable.
Il est donc impératif de rééquilibrer le mix énergétique et de travailler à augmenter la place des énergies propres et sûres dans notre production. Le gouvernement a fait les choix inverses, en tuant dans l’œuf les filières du renouvelable au profit du « tout nucléaire ».
En France, le nucléaire n’est pas qu’une source d’énergie, il est aussi une filière industrielle performante
L’expérience, le savoir-faire et nos grandes entreprises sont un atout pour réorienter nos industries vers les filières du renouvelable, le traitement des déchets, et le démantèlement des centrales nucléaires. On peut sereinement aborder les deux enjeux en optimisant nos compétences industrielles.
Le débat sur la transition énergétique et la politique industrielle de la France doit avoir lieu et trouvera sa conclusion dans les choix démocratiques qui seront proposés aux Français en 2012.